BOULEVERSANTES RENCONTRES
Jacqueline Boyé, fascinée par les belles histoires humaines, signe un roman d’une actualité brûlante et rappelle que la plus grande des aventures est la rencontre de l’autre.
Un village calme dans le sud de la France.
Christie saint Flour regarde à travers sa fenêtre, d'un air désabusé, le temps qui passe... Soudain, coup de théâtre !
Que se passe-t-il parmi ses habitants à priori solidaires et sans problème ? Une bombe aurait-elle éclaté ? Un avion se serait-il écrasé ? Un tremblement de terre aurait-il détruit le village ? Non. Rien de tout cela. Et cependant…
Jacqueline Boyé, fascinée par les belles histoires humaines, signe un roman d’une actualité brûlante et rappelle que la plus grande des aventures est la rencontre de l’autre.
LES PREMIERES PAGES :
« Donnez-moi les moyens et je resplendirai… »
« Dans la vie tu ne croiseras que quelques âmes avec lesquelles tu seras en harmonie et, quand ça arrivera, tu les reconnaîtras… »CONNOR
Christie
Le cri du coq vient de retentir dans le village, suivi presque immédiatement par les cloches de l’église, signe d’un nouveau jour qui se lève. Tous les matins, depuis des décennies, c’est le même rituel. Christie Saint-Flour en a l’habitude. Elle se réveille, s’étire, soupire, se lève difficilement de son lit puis prend ses béquilles, traîne ses pas sur le carrelage et s’approche lentement de la fenêtre. Voir le jour se lever sur la place de son village est un des seuls intérêts de sa vie. Ce matin, tout respire la tristesse. Elle frissonne, écarte le rideau, lève les yeux vers un ciel nuancé de gris. La saison automnale, si belle par ses couleurs chatoyantes, resplendissantes sous le soleil, paraît bien terne maintenant sous une pluie fine qui tombe sournoisement du ciel plombé. Inlassablement, elle se demande ce qu’elle va faire de ses journées. La solitude l’étreint.
Christie n’est plus de sa première jeunesse. Un mariage, trois enfants, puis un divorce, une autre rencontre, encore une séparation, un métier éreintant dans l’éducation nationale, la fatigue, le découragement, le manque d’argent souvent… et la recherche d’une tendresse qui ne vint plus jamais. Ses enfants sont partis du nid et ont fait leur vie. Elle se retrouve âgée, seule, dans une maison de famille située face à la grande place du village. Son réconfort ? Une voisine veuve vient parfois lui tenir compagnie. Elle parle peu, ressasse les souvenirs qui ont marqué son existence, regarde la télévision, lit beaucoup et s’endort en écoutant de la musique classique, des chansons d’amour ou en créant en pensées des futurs poèmes dont elle ne se souvient plus le lendemain au réveil. « Il faudrait que je les note », songe-t-elle souvent, mais elle doit se lever et la force lui manque.
Soudain, une rafale de vent vient faire trembler les carreaux et rabattre violemment le volet. Surprise, elle sort de sa langueur, pousse une exclamation, se retire promptement puis, après avoir vérifié l’étanchéité des barreaux, elle se dirige lentement, à petits pas vers la cuisine et va se préparer un café. Une fois assise, l’œil vague, tout en dégustant cet indispensable nectar quotidien, elle pense à toutes les rencontres qui ont marqué sa vie, s’attarde sur certaines, esquisse un faible sourire et replonge aussitôt dans son marasme. Aujourd’hui, particulièrement, le temps est à l’image de son amertume sur sa vie. Il est triste.