Delon et compagnie
Robert Pico ne raconte pas la vie d’Alain Delon, mais ses huit ans passés dans le showbizz (années 60) et ses exceptionnelles rencontres.
Robert Pico ne raconte pas la vie d’Alain Delon, mais ses huit ans passés dans le showbizz (années 60) et ses exceptionnelles rencontres : Alain Delon, Brigitte Bardot, Elsa Martinelli, Jean Gabin, Bourvil, Joe Dassin, Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, Mireille Darc, Pascale Roberts, Pierre Perret, Fernandel, Georges Brassens, Serge Gainsbourg et beaucoup d’autres encore. Puis, n’étant pas (heureusement ! ) devenu une vedette, il s’est mis à écrire.
Il évoque donc ses extraordinaires rencontres dans le monde du livre et de l’édition : Jean d’Ormesson, Jean-Christophe Rufin, Régine Deforges, Dolly de Tinan - fille adoptive de Claude Debussy -, Antoine Gallimard, Jean-Paul Guerlain, Nancy Huston, Denis Tillinac -— avec qui il a été ami —, Milt Jackson et le grand écrivain Américain Douglas Kennedy, et compagnie.
EXTRAIT :
Un après-midi, je prends donc un cours chez lui, cours limité à quarante-cinq minutes.
A la fin, quelqu’un sonne, et entre. Un homme qu’à contre-jour je distinguais mal. Mais, s’approchant de la bougie, je découvre un adonis, beau comme la Banque de France, qui lui aussi cherchait à faire des progrès vocaux dans la perspective d’enregistrer un disque chez Barclay.
Alain Delon.
Delon, pas sur un écran. Là, devant moi. L’authentique. Pas un sosie. Le vrai. En V. O. Il venait de noyer Maurice Ronet dans La piscine, après l’avoir déjà défunté sur un voilier quelques années plus tôt en Plein soleil.
En regardant Delon, j’avais pensé que si je nageais entre deux îles désertes en me demandant: « Dois-je aller vers celle-ci à droite, où Delon bronzé, uniquement vêtu d’une paire de Ray Ban est allongé au bord d’une plage… ou dois-je aller vers celle-là, à gauche, où Jean-Paul Sartre est nu comme une huître sans sa coquille ? Aussi, à devenir à voile et à vapeur, dans les deux cas, Maman, j’hésite pas : Pour la peau d’un flic, plutôt que Les mains sales.
Il salue Lumière, qui s’illumine soudain, puis Charles-Edmond et moi. Si je me souviens bien, il me serre la main sans vraiment me regarder en face. Sûr de lui-même et de son charme.
Sur le pas de la porte, en me raccompagnant vers la sortie, Charles-Edmond me dit :
- Tu devrais lui présenter quelques-unes de tes romances, certaines pourraient lui plaire.
- Tu crois ?
- Oui, t’as le matos qu’il recherche ! Je te donne son fil si tu veux, appelle-le. Le gratin des auteurs-compositeurs va s’écharper pour lui écrire des rengaines : Delanoë, Level, Salvet, Bourtayre, Datin, Vidalin…
Le jour même, en fin d’après-midi, j’appelle chez Delon. Une voix d’homme à accent me répond. Je dis : « Cet après-midi, j’ai rencontré Alain … chez Jean Lumière, et j’ai oublié de lui soumettre une ou deux chansons, puisque, paraît-il, il en cherche ».
« Quittez pas ! »
Deux minutes plus tard, l’homme reprend le combiné et me demande : « Vous pourriez venir ? »
- Quand ?
- De suite.
Il me communique l’adresse. C’était à deux stations de métro de chez moi, dans le 16 ème. A toute vitesse je chope mon Gründig à bandes, les partitions de mes chansons, et je me rends à l’adresse indiquée rue de la Faisanderie.
Drîn ! Drîn !