PEREGRINATIONS DES ÂMES
Pérégrinations des âmes, livre de Myriam PHILIBERT
"Dans Pérégrinations des Ames, Myriam Philibert nous invite à un autre voyage celui de la compréhension de ce terme « Ame » si protéiforme, au travers de traditions, de conceptions et de cultures ni tout à fait pareilles, ni tout à fait autres que la nôtre."
La pause philo
Archéologue et docteur en Préhistoire, Myriam Philibert nous entraîne dans le voyage initiatique de l’âme dans les Traditions.
Le lecteur découvrira :
Les enveloppes subtiles de l’être humain
Chamanisme et voyage de l’âme
Voyage de l’âme en incarnation
Les portes de l’amenti
L’ère du rêve
Mystères et mystagogie
D’extase en apocalypse
Les états supérieurs de l’être
LES PREMIERES PAGES DE PEREGRINATIONS DES ÂMES :
L’âme est une rivière remplie avec l’eau de la maîtrise de soi ; son courant est la vérité, ses rives sont une conduite vertueuse et ses vagues sont la compassion.
Sri T.K. Sribhashyam
Devrait-on parler de la ou des pérégrinations de l’âme ou des âmes ? Voici un monde à la fois insoupçonné, dérangeant, mais tellement merveilleux. Y avoir accès, même à des strates inférieures, semble un privilège considérable. Que de perspectives s’ouvrent ! Que de voies se dessinent dans un horizon changeant ! Entre abysses d’une noirceur infinie, avoisinant le chaos ou le trou noir qui tout dévore par absorption, et les harmonies célestes, pour lesquelles il n’existe aucun vocable susceptible de les décrire, l’âme vit, erre, vagabonde. Certaines trouvent leur chemin dans le rêve et arrivent à l’extase. D’autres, pour lesquelles l’action, l’héroïsme et la lutte sans merci sont le chemin de vie, trouvent d’autres approches, glissent vers l’alchimie spirituelle ou spéculative et se tracent un sentier vers l’art royal.
Qu’est l’âme ? Si l’on en croit les Anciens, elle est multiple et œuvre du plan le plus grossier où l’énergie a été coagulée jusqu’aux plus subtils, où l’énergie pure est lumière et beauté. A-t-elle une vie de solitude, entre douleur de la naissance et désarroi de la mort ? A-t-elle plusieurs existences, certaines que le destin lui impose et d’autres qu’elle tisse à sa propre fantaisie ? Tout ce qui entoure ce sujet semble si occulte que l’on a peine à pénétrer dans la matière. Pourtant, il faut détruire, broyer, tuer pour tirer la quintessence. Ah ! me direz-vous : l’âme est immortelle et divine…
Et vous aurez raison !
Une légende hindoue narre que dans des temps immémoriaux, tous les hommes étaient dieux. Évidemment, ils usèrent et abusèrent de leur pouvoir. Brahma voyait la situation lui échapper, s’il laissait faire. Il décida d’ôter ce pouvoir divin et de le dissimuler en un endroit où l’homme serait bien en peine de le découvrir. Où trouver cette cachette ? Tous les dieux furent convoqués à un conseil pour résoudre la question.
« Enterrons la divinité de l’homme dans la terre », proposa l’un d’eux. « Non ! répondit le maître des dieux, il fera des fouilles et la déterrera. ». Un autre pensa à l’insondable profondeur des océans. « Non ! dit encore Brahma, il viendra un temps où les explorations sous-marines conduiront à la remontée à la surface de ce précieux don. »
À court d’imagination, les dieux se sentaient impuissants et désemparés. « Nous ne savons que proposer. » L’homme semblait plus inventif qu’eux ! Brahma eut alors un trait de génie : « nous la cacherons au plus profond de lui-même, car c’est bien le seul endroit où il n’aura certainement pas l’idée de pousser ses investigations. »
LES ENVELOPPES SUBTILES
DE L’ÊTRE HUMAIN
La première [Puissance], Bonté, créa une âme d’os. La deuxième, Pronoia, créa une âme de nerf, la troisième, Divinité, créa une âme de chair, la quatrième, Seigneurie, créa une âme de moelle, la cinquième, Royauté, créa une âme de sang, la sixième, Jalousie, créa une âme de peau, la septième, Intelligence, créa une âme de cheveu.
Livre des secrets de Jean
L’être humain se réduit-il à un corps qui disparaît après la mort ? La mort existe-t-elle ? Éternelle question ! Il semblerait que les peuples les plus archaïques n’aient pas exactement la même approche que nous, hommes du IIIème millénaire. Nous sommes terrorisés par la mort, surtout dans la période actuelle où une pandémie secoue la planète, affolant les foules qui s’accrochent au seul bien qui paraît leur rester : la vie.
La Vie n’est-elle pas illusion, comme la mort également ?
Selon les traditions et les civilisations, on attache au corps, qui appartient au plan matériel ou physique, une âme, un esprit ou diverses enveloppes, plus ou moins subtiles. Qu’en est-il ? Pour le matérialiste, il y a un corps et une mort. Rien au-delà ! Pour l’homme de Néandertal, à qui l’on doit d’être sujet à la virulence des virus (qui existent de toute éternité), il y a une vie après la mort. Peut-être est-ce sa mauvaise défense immunitaire qui a été la cause de son extinction ? Quant à la vie après la mort, n’est-ce pas réconfortant ? Résurrection, réincarnation, transmigration, voire immortalité : tel est le destin qui nous attend dans l’au-delà ou l’Autre monde. L’au-delà caractérise le devenir de l’être qui a franchi définitivement les portes de la mort. Quant à l’Autre monde, il se teinte d’une lumière rédemptrice ou souveraine et fait appel au monde des dieux. Chagrin, le matérialiste rétorquera qu’il n’y a pas de dieux, pas de plan cosmique, pas d’avenir. A-t-il raison ? Dans ce cas, à quoi bon vivre ? Ou est-ce le Néandertalien qui a la bonne perception, intuitive, du devenir, non seulement de l’humain mais de tout ce qui existe sur notre terre ? Tout dans le décorum, somptueux dans les limites d’une technologie encore rudimentaire, de l’inhumation des défunts engage la croyance en une vie au-delà de la mort. Ce n’est qu’ensuite que l’humanité a perdu foi en ces fondements. Pourtant, l’éternelle roue des cycles, que la lune et les astres dans le firmament inaugurent, auraient dû la conforter dans son idée première. D’immenses chamboulements écologiques incitent l’homme à douter de sa perception et de l’avenir en général. L’aura qui environne tout corps cesse d’être perçue et la matérialité envahit peu à peu la pensée, l’enfermant dans un quotidien parfois lugubre. Des idées dévastatrices s’emparent des individus les plus faibles ou les plus esseulés.
Une crise existentielle se fait jour. Ainsi, l’homme en vient à douter de lui-même. Et des dieux. Pourquoi existeraient-ils ? On naît, on vit, on meurt. Il n’y a rien au-delà ! On oublie le temps cyclique et l’éternel retour. On s’enferme dans le schéma d’un temps linéaire, où tout va du passé vers le présent que l’on ne parvient plus à appréhender et se termine dans un futur que l’on espère le plus lointain possible, tout en cherchant frénétiquement à savoir de quoi il sera constitué. Après l’unité originelle, la dualité a mis en vogue la lutte des ténèbres et de la lumière – ce qui est un fait avéré scientifiquement. Le ternaire, enfin, s’il donne une dynamique, précipite l’homme vers sa « fin ». Par chance, la pensée d’une entité triple (corps – âme – esprit) ouvre une intéressante perspective. Il existe d’autres schémas, plus complexes, plus affinés et/ou plus énigmatiques.